J’ai beaucoup apprécié la lecture de ce roman à l’écriture virtuose dans le sens où chaque mot semble pesé, toujours à sa juste place. Les personnages présentés à la première personne ayant chacun plusieurs chapitres à la suite les uns des autres déterminent l’ossature du roman, impliquant le lecteur. Ils apportent chacun un regard sur le personnage principal, une certaine Madelaine Brévert, ainsi que les liens qui les unissent.
L’impression que dégage cette femme que l’on suit à plusieurs moments de sa vie paraît confuse, à l’image de notre propre vie, comportant des zones d’ombres ou de lumières. Les passages la concernant nous montrent la complexité humaine sans jamais donner d’explications, c’est ainsi. Elle a une sœur, Mine un peu plus âgée dont l’auteur dit qu’elle accepte tout de Madelaine, ses revirements, ses doutes quant à ses sentiments envers les hommes qui lui vouent une admiration ou un amour surprenants, puisqu’elle ne se dévoile ou ne se donne entièrement à eux que rarement. Seul son fils, Simon, reste son unique amour et cette liaison paradoxale peut choquer, d’autant plus qu’elle délaisse son second fils que Mine accepte d’élever. Malheureusement Simon mourra des suites d’un accident alors qu’il se déplaçait en vélo. Une voiture le percuta et le jeune garçon décèdera, laissant un vide immense que Madelaine ne parvient pas à combler.
Il y a parfois de quoi détester cette femme, mère, que je trouve personnellement instable. Elle a pourtant des circonstances atténuantes au vue des drames de sa courte vie, dont son premier mari qui meurt de maladie, mais contrairement à d’autres lectrices je ne me l’imagine pas en criminelle psychopathe, découpant en morceau à la tronçonneuse son dernier amant Gabriel. Je ne sais vraiment pas quoi penser au sujet de ce crime car rien ne prouve sa culpabilité. J’ai attendu jusqu’à la dernière ligne une annonce quelconque, qui conforterait le jugement (le deuxième car le premier, suite à l’enquête de Philippe, le juge d’instruction, était en sa faveur) et sa peine de prison. Le cahier rouge tenu par Madelaine puis donné à son juge Philippe a été brûlé et c’est bien dommage car tout repose sur les écrits de la suspecte ; donc mon attente n’a pas été comblée car je me demande encore : comment a-t-elle procédé ? Les morceaux découpés de la victime, dans un état de décomposition avancée car retrouvés plusieurs semaines après le meurtre semblent avoir séjournés longtemps dans l’eau et ont été mis ensuite dans un sac appartenant à la fille du mort, Éliane. Pour moi, ce n’est pas possible qu’elle ait pu faire tout cela sans témoin, toute seule, même si ses voisins ont témoigné contre elle ; ils ne sont pas fiables puisqu’ils la détestent. Mystère non résolu de mon point de vue et c’est dommage car l’ensemble m’a accrochée jusqu’au bout grâce à l’élégance de la plume de Laurence Chaudouët. Je salue sa finesse à décrire les sentiments profonds, les non-dits, les incohérences de nous, pauvres humains. Une sorte d’envoûtement se dégage de ce long texte ; les phrases révèlent ce qui peut se tramer derrière les apparences, les gestes anodins de la vie de tous les jours, les détails indicibles. D’où le titre fort parlant : les Petites Choses.
Bravo Laurence pour ce beau roman même si je reste assez mitigée sur le dénouement que j’aurais aimé plus net, plus pragmatique. Je comprends que Madelaine ait subi un traumatisme dans son enfance du fait de son placement en famille d’accueil suite à la violence du père. Séparée de sa sœur adorée, Mine, elle ne pouvait que faire acte de résilience ou ne faire confiance à personne (à part sa sœur). Elle a choisi la deuxième solution. Un sacré personnage en tous cas, très dense.
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Collection L'Orpailleur Archives - Az'art Ateliers Editions
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Où l'on parle du roman
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https://litzic.fr/chronique-roman/laurence-chaudouet-les-petites-choses/
Un bel article sur ce roman
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