Il y a déjà quelques mois paraissait cet article, signé par Rodolphe Laurent , pour la rubrique " Plein Cadre" dans notre journal local :
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Il y a des Aubois qui peignent, qui barbouillent des toiles. D'autres chantent et sortent des CD. D'autres enfin noircissent du papier, écrivent des livres. Peu importe le support : l'important, c'est de faire passer « quelque chose », des sentiments, des impressions, des rêves. Dans le cas de Françoise Grenier (Droesch étant son nom de jeune fille, qu'elle a réutilisé pour signer son livre, NDLR), qui a publié un premier roman fantastique l'automne dernier, il s'agirait plutôt de cauchemars. Des cauchemars récurrents qui hantent ses nuits. « Depuis des années, au réveil, je les note sur des bouts de papier », confie cette enseignante qui habite Troyes. « Certains sont tenaces. Je devais les (d)écrire pour m'en libérer. L'écriture me permet de me vider le cerveau dans l'imaginaire. » Un effet cathartique voire « thérapeutique » que la gravure, qu'elle pratique depuis son passage aux Beaux-arts de Reims, ne lui a pas permis d'atteindre.
Sa méthode d'écriture est tout aussi surprenante. « C'est comme si je déroulais une pelote », raconte-t-elle. Nul canevas, donc. Les personnages apparaissent comme ça. Françoise Grenier réorganise le tout ensuite. « Je ne cherche pas à faire de la littérature - mon écriture est toute simple. Je ne suis pas un auteur et faire des livres n'est pas un but : c'est une obligation », insiste-t-elle.
Un vampire venu du Briennois
Dans Le piano maléfique, roman forcément assez difficile à résumer, il est question d'une sorte de vampire, le comte de Nerval, qui absorbe l'énergie vitale des humains (un vilain dans la lignée du Joker de Batman, selon l'auteur). C'est dans son fief, les Terres Rouges, situé dans la région de Brienne-le-Château, que se retrouve un groupe d'élèves de CM2 dont l'autocar est tombé en carafe. Plus tard, lorsqu'on les signale, ils ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes, vieillis et décharnés. Pour l'inspecteur Herbert Léonidas, c'est là le point de départ d'une enquête aux frontières du possible.
Des idées, Françoise Grenier, qui avoue apprécier Edgar Allan Poe, H.P. Lovecraf et Stephen King, des maîtres de l'horreur parmi les plus fameux, n'en manque pas. Les Ombres qui parcourent les 250 pages de ce roman sont effrayantes à souhait.
Le passage - entre autres - où Léonidas est emporté par un aigle au-dessus d'un cratère d'où s'écoulent des flots de sang est joliment imaginé. Normal, il vient du plus profond de la nuit, de cette nuit où naissent les cauchemars, sombres, terribles…
Globalement, l'intrigue, semi-policière, est bien menée et le style agréable à lire (nulle maladresse à signaler). Des monologues du vampire, qui s'adresse aux lecteurs, ponctuent habilement le récit. Les longues descriptions, de paysages ou de personnages, ce n'est pas le truc de Françoise Grenier : elle préfère faire ressentir « des sensations ».
« Il fallait que ça sorte, d'urgence ! », redit-elle. « Après, ça allait mieux. »
Mais, déjà, elle a un autre bouquin sur le feu - dans la même veine. Toujours ces pelotes à dérouler…
- « Le piano maléfique » de Françoise Grenier Droesch, éd. Le Manuscrit - 244 pages - 17,90 €.
Rodolphe LAURENT