JUSQU'AU 3 JUIN 2012 au QUAI BRANLY
Voilà une expo qui me parle dans le sens où mon père est allé au Congo Français après la guerre de 39/40 pour accompagner son beau-frère ( Clergeot) et les résistants du commandant DUPONT, fondateur et améliorateur d'AUBEVILLE. Il avait 20 ans et y est resté 15 ans à peu près. Il était colon, voulait faire fortune en semant du riz, en récoltant des produits comme des cacahuètes, bananes ..., et en les vendant sur les marchés extérieurs, à Brazzaville ...(accessoirement en embauchant les "Noirs", placés sous son autorité ).
AUBEVILLE était une coopérative, gérée par tous les volontaires de cet incroyable défi. Eh oui, il leur aura fallu des heures et des jours ( voir années) pour venir à bout de la nature inhospitalière de cette partie sauvage du Congo ( vallée du Niari, à l'état de friche ). Mon père, André DROESCH, ne se lassait pas de nous conter les péripéties de son long séjour là-bas, riches et surprenantes.
Déjà, je suis née à Pointe-Noire, à côté de Brazzaville, le 29 juin 1955 et quelques jours avant ma naissance, ce fut l'expédition. Papa a conduit le camion jeep à travers la forêt, sur des routes de terres ou rien du tout ! pendant 300 km. Je suis née, entourée de danger mais aussi d'amour : je venais après mon frère décédé ( fausse couche à cause de la quinine ! ) et mes parents m'ont choyé, étant l'aînée aujourd'hui d'une fatrie de 4 enfants ! Seule à être "créole", seule à avoir pour compagnon, un énorme chien de garde ( car il y avait des animaux, un troupeau de moutons, chèvres, porcs, vaches ... des poules ...), seule à être gardée par des " Boys" = des jeunes noirs qui jouaient aux bonnes à tout faire mais qui aussi apprenaient le Français et amélioraient leurs connaissances de l'Europe pour ensuite partir étudier en France.
Avant cela , ce fut un acharnement d'hommes pour attaquer la brousse, assainir le terrain, construire les cases et équipements collectifs ( c'était une communauté d'avant mai 68 ! ), la scierie, l'exploitataion forestière, les menuiseries, le four à chaux, des cultures maraîchères + arachide, riz, soja ...
Mais, dans le discours de mon père on sentait du mépris pour cette race noire : leur coutume comme se réunir et invoquer les esprits, ne pas accepter les soins du médecin français mais préférer ceux du " Chamane", plonger les nouveaux-nés noirs dans la rivière glaciale et ne garder que les survivantes de ce bain forcé, tout, ainsi que leur soit disante paresse ( ils ne voulaient pas travailler, pas décorer leur propre case ... lui posait problème.
Cette expo semble mettre en relation une époque charnière ( la découverte et l'exploitation de l'homme Blanc des Terres d'Afrique ou d'autres continents préservés jusque là ) et la naissance du racisme, en tous cas de l'idée d'un être sauvage, forcément différent de nous, bon occidental.
A VOIR et méditer ... la suite, peut-être mes premiers pas en Afrique ... et les histoires de mon père.
Si quelqu'un connaît Aubeville, cette période, je serai enchantée d'être contactée.