CHAPITRE I
Un article, paru dans le journal local, à la rubrique « Fait-divers », en date du 23 juin 2010, délivra l'information suivante :
Un groupe d'une vingtaine d'enfants, accompagné de six adultes : le chauffeur du bus scolaire, la maîtresse, deux parents d'élèves et une jeune fille, ont été vu, errants, à l'aube, vers le centre du bourg de Brienne Le Château.
Ils ont été transféré, dans un état d'épuisement inquiétant, vers l'Hôpital. En effet, on était sans nouvelles, des élèves de CM2 scolarisés à l'École Jules Renard à Troyes, depuis 3 jours.
Les parents s'inquiétant de ne pas les voir revenir d'un voyage d'une journée, ont lancé des appels vers la gendarmerie mobile. Les recherches n'ont pas abouti.
Il semble que ce groupe, corresponde tout à fait à la description des familles concernées. Elles sont invitées à venir voir leur enfant à l'Hôpital public de Brienne Le Château. Un séjour d'une semaine sera nécessaire pour que chacun puisse reprendre des forces.
7h30 du matin, dans un vieil appartement du centre-ville de Troyes, quartier du Vauluisant, Monsieur Herbert Léonidas, Inspecteur, s'affairait dans sa cuisine, très énervé. Cet homme avait passé une bien mauvaise nuit, s'était réveillé à plusieurs reprises, en sueur, en proie à ses cauchemars habituels. Il se revoyait enfant, devant son école, à attendre interminablement que sa mère vienne le chercher ... personne ne venait et la nuit s'épaississait ... quand soudain ... un monstre l'arrachait à la rue, le promenait dans les airs et le déposait en haut de sa tanière, prêt à le dévorer. A chaque fois, il percevait plus de détails du monstre ... une espèce d'aigle. Pourtant, depuis plusieurs années, cela avait cessé. Pourquoi revenait-il maintenant? Aucune réponse ne lui arrivait. Après quoi, il se leva et observa le programmateur de chauffage remonté à 20°4 alors qu'il le baissait toujours à 18° pour la nuit! « Pas étonnant que je suffoquais », pensa-t-il.
Une sonnerie avait retenti vers 7h. Il attrapa le combiné et reconnut la voix de son chef André Meunier qui lui raconta l'histoire abracadabrantesque d'un groupe de personnes, retrouvé très tôt ce matin, à Brienne. « Mais bon sang! Je suis en congé! » avait-il répliqué. Monsieur Meunier s'en fichait et lui hurlait de se « grouiller » avant que les parents ne « rappliquent ». « Vous allez vous rendre sur le champ à cet hôpital, interroger le personnel, les élèves et les accompagnateurs. C'est urgent! Il y a eu séquestration ».
Herbert détestait le ton autoritaire avec lequel son patron formulait ses ordres. Il ne pouvait que se soumettre! C'était le pire chef qu'il avait connu, beaucoup plus jeune que lui, et avec ça, il ne montrait aucune reconnaissance ... un fils de nanti qui avait toujours obtenu tout ce qu'il désirait ... le contraire de son propre parcours.
Il ne réussit à se calmer qu'une fois assis. Il sirota son café au lait lentement, confectionna avec application un copieux sandwich dans lequel il superposa une couche de beurre, des rondelles de tomates, des morceaux de salade et pour finir des tranches fines de saucisson.
Il prit un malin plaisir à faire durer ce moment. Enfin, il descendit chercher sa voiture. L'ascenseur fonctionnait normalement et il trouva facilement sa Citroën Xsara, une antiquité, à son emplacement habituel.