J'ai découvert Catherine Lang par certains de ces textes en lecture libre et dans le recueil Electrons livres 2 : http://www.amazon.fr/Electrons-livres-n%C2%B0-doeuvres-ind%C3%A9pendants-ebook/dp/B00P6HT1MK/ref=sr_1_2?ie=UTF8&qid=1455192171&sr=8-2&keywords=%C3%A9lectron+livre+2 sur Amazon (Traversée).
Belle écriture qui va à l'essentiel, c'est à dire à ce qui façonne les gens, une attitude, un regard, peu de choses, mais à l'économie. Elle gratte l'os et va à l'âme. Très juste ^^
Ici, des jumeaux qui se racontent à la deuxième personne du singulier pour Elle, ce qui donne un ton détaché pour mieux cerner les personnalités double, une femme et un homme, dualité et aussi contradictions. Lui se raconte à la première personne, Je.
J'aime beaucoup ce début et le chapitre VI qui par contre s'adresse au lecteur, VOUS, deuxième personne du pluriel !!!
"Votre mère arrive. Elle prend le train de 16 h 12. Elle vient vous voir une fois par mois. Elle va vous regarder sous toutes les coutures, vous dire que vous avez mauvaise mine, que vous avez encore maigri.
.....
Vous avez envie de l'étrangler. Ne plus l'entendre. Crac. Terminé."
....
Ensuite c'est trop "drôle" : Le personnage se demande comment éliminer le corps... Et renonce, il se promet d'y réfléchir, comme d'habitude !!!
La chapitre VII est très vivant avec peu de mots. Je me suis cru dans une scène de film. Tout y est, bruits, odeurs, mouvements, couleurs... Économie de moyens, mais force énorme :
"Des cris fusent du kiosque à musique. Dans l'allée, des voitures sortent du parking, coups d'accélérateur plus ou moins appuyés. Des gens traversent, des femmes ; elles font du shopping. Le frottement de leurs sacs en papier scande leur marche...
Autres coups d'accélérateur...
Bruits de pas précipités...Il pleut. C'est comme un bruit de perles qui tombent sur le sol...
Le palmier se plaint. Tu l'entends.
..
L'homme en noir qui porte un parapluie bleu te regarde.
Une camionnette blanche. Papa, maman et leur fille. La dernière en rose, elle en rouge.
...
Musique. Les enfants du Pyrée... Le ciel grec... Sirtaki sur échasses. Saxophone..."
Voilà donc le style très dépouillé, mais non moins incisif de Catherine.
J'admire ce ton détaché, presque comme une esquisse si on compare au dessin. Pourtant, il montre beaucoup.
Je dirai que ce n'est pas vraiment un roman car il n'y a pas d'intrigues à proprement parlé, juste des rencontres et scènes de la vie quotidienne admirablement restituées. Lire le dernier chapitre IX est un régal à ce sujet. Avec seulement un gros plan sur un lampadaire à lampe ronde !!! Du grand art !!!
"La grosse boule est transparente avec un cercle doré autour. Elle est sale. À l'intérieur de la grosse boule, une plus petite et opaque.
Comme la vitre est déformée par des lignes verticales, la grosse boule n'est pas tout à fait ronde. Elle est coupée par endroit et par moment..."
Je recommande la lecture des textes de cet auteur. Je suppose que ce livre là n'est plus imprimé. (http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/un-petit-vent-frais-au-pays-de-l-120989) mais il existe en numérique sur des plateformes connues.
Pour conclure, j'ai passé un bon moment de lecture où les tranches de vie d'Elle (qui voyage beaucoup, d'où le titre ;) travaille pour une ONG) et de Lui (attaché parlementaire) ressemblent peut-être à des connaissances croisées ici ou là (autobiographiques ?).
Ce "roman" laisse derrière lui une petite musique bien agréable.
J'ajoute qu'il est gratuit en numérique sur Amazon, ITunes. Voici les liens :
http://www.amazon.fr/gare-Merlimont-Catherine-LANG-ebook/dp/B00BKWNL8A/et
http://itunes.apple.com/gb/book/la-gare-de-merlimont/id1104720747?mt=11