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26 mai 2022 4 26 /05 /mai /2022 20:36
Couverture du roman de Laurence Chaudouët LES PETITES CHOSES

Couverture du roman de Laurence Chaudouët LES PETITES CHOSES

 

J’ai beaucoup apprécié la lecture de ce roman à l’écriture virtuose dans le sens où chaque mot semble pesé, toujours à sa juste place. Les personnages présentés à la première personne ayant chacun plusieurs chapitres à la suite les uns des autres déterminent l’ossature du roman, impliquant le lecteur. Ils apportent chacun un regard sur le personnage principal, une certaine Madelaine Brévert, ainsi que les liens qui les unissent.

L’impression que dégage cette femme que l’on suit à plusieurs moments de sa vie paraît confuse, à l’image de notre propre vie, comportant des zones d’ombres ou de lumières. Les passages la concernant nous montrent la complexité humaine sans jamais donner d’explications, c’est ainsi. Elle a une sœur, Mine un peu plus âgée dont l’auteur dit qu’elle accepte tout de Madelaine, ses revirements, ses doutes quant à ses sentiments envers les hommes qui lui vouent une admiration ou un amour surprenants, puisqu’elle ne se dévoile ou ne se donne entièrement à eux que rarement. Seul son fils, Simon, reste son unique amour et cette liaison paradoxale peut choquer, d’autant plus qu’elle délaisse son second fils que Mine accepte d’élever. Malheureusement Simon mourra des suites d’un accident alors qu’il se déplaçait en vélo. Une voiture le percuta et le jeune garçon décèdera, laissant un vide immense que Madelaine ne parvient pas à combler.

Il y a parfois de quoi détester cette femme, mère, que je trouve personnellement instable. Elle a pourtant des circonstances atténuantes au vue des drames de sa courte vie, dont son premier mari qui meurt de maladie, mais contrairement à d’autres lectrices je ne me l’imagine pas en criminelle psychopathe, découpant en morceau à la tronçonneuse son dernier amant Gabriel. Je ne sais vraiment pas quoi penser au sujet de ce crime car rien ne prouve sa culpabilité. J’ai attendu jusqu’à la dernière ligne une annonce quelconque, qui conforterait le jugement (le deuxième car le premier, suite à l’enquête de Philippe, le juge d’instruction, était en sa faveur) et sa peine de prison. Le cahier rouge tenu par Madelaine puis donné à son juge Philippe a été brûlé et c’est bien dommage car tout repose sur les écrits de la suspecte ; donc mon attente n’a pas été comblée car je me demande encore : comment a-t-elle procédé ? Les morceaux découpés de la victime, dans un état de décomposition avancée car retrouvés plusieurs semaines après le meurtre semblent avoir séjournés longtemps dans l’eau et ont été mis ensuite dans un sac appartenant à la fille du mort, Éliane. Pour moi, ce n’est pas possible qu’elle ait pu faire tout cela sans témoin, toute seule, même si ses voisins ont témoigné contre elle ; ils ne sont pas fiables puisqu’ils la détestent. Mystère non résolu de mon point de vue et c’est dommage car l’ensemble m’a accrochée jusqu’au bout grâce à l’élégance de la plume de Laurence Chaudouët. Je salue sa finesse à décrire les sentiments profonds, les non-dits, les incohérences de nous, pauvres humains. Une sorte d’envoûtement se dégage de ce long texte ; les phrases révèlent ce qui peut se tramer derrière les apparences, les gestes anodins de la vie de tous les jours, les détails indicibles. D’où le titre fort parlant : les Petites Choses.

Bravo Laurence pour ce beau roman même si je reste assez mitigée sur le dénouement que j’aurais aimé plus net, plus pragmatique. Je comprends que Madelaine ait subi un traumatisme dans son enfance du fait de son placement en famille d’accueil suite à la violence du père. Séparée de sa sœur adorée, Mine, elle ne pouvait que faire acte de résilience ou ne faire confiance à personne (à part sa sœur). Elle a choisi la deuxième solution. Un sacré personnage en tous cas, très dense.

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12 juin 2019 3 12 /06 /juin /2019 19:01
Recueil de nouvelles "Les passeurs de l'ombre" Auteur : Laurence Chadouët Editions Assyelle Couverture créée par Loren Bes

Recueil de nouvelles "Les passeurs de l'ombre" Auteur : Laurence Chadouët Editions Assyelle Couverture créée par Loren Bes

Quel magnifique recueil tout en délicatesse à l’image de la couverture créée par Loren Bes, illustrateur très original (https://www.lorenbes.com/)

L’écriture de l’auteur à la fois sensible et puissante s’attarde sur des paysages fortement symboliques, des animaux habités d’une assurance peu commune comme s’ils connaissaient tout de nous autres humains. On ne peut pas leur mentir, ils sont l’innocence même malgré les souffrances qu’on leur inflige : des sortes de figures christiques qui seront notre salut. Pour cela il faut passer le mur du réel, ne pas avoir peur de franchir l’autre côté.

Nous sommes une seule entité et nous pouvons interagir. Les figures humaines sont un peu en perdition, surtout les adultes. Pour se racheter, nous devons abandonner nos habitudes, aller au-delà de l’animal ou de l’humain. C’est beau ! 

Malgré la tonalité générale plutôt sombre, quelques lueurs d’espoir peuvent surgir.  

Le guide : Il s’agit d’un chat qui montre le chemin. Description fouillée d’un quartier de Paris, le soir. L’homme, Monsieur Souriot n’est pas pressé de rentrer. Il est en errance volontaire et ce matou roux le fascine. Commence un voyage au pays des souvenirs où l’on ne sait plus s’il rêve ou s’il vit vraiment les scènes terribles. Texte aux multiples sens qu’il faut savourer.

L’agneau de Noël : Tout commence avec la soirée de Noël quand le narrateur s’occupe de sa mère, peu communicante. Le thème de la solitude, des projets de couple qui capotent à cause d’une différence de priorité. Lui voulait un enfant… Pas elle. Sa mère, figure centrale qui le ramène à sa médiocrité et qui le pousse à sortir, entrer dans une église, observer la crèche. Là aussi il s’agit d’éprouver ce qu’un animal sacrifié peut ressentir. Une simple visite et tout bascule. Très fort.

La cathédrale qui nous plonge au cœur d’un harcèlement au départ banal, mais qui se durcit et se transforme en vengeance. Très belle description des sentiments enfouis, du fusionnement avec dame nature et cet oiseau de nuit, un aigle, son éventuel sauveur. Les mots donnent le vertige.

L’arpenteur : l’histoire d’une femme encore amoureuse d’un homme qui l’a trompée, incapable de renouer pourtant avec ses vrais sentiments. Une araignée, son double (?) apparaît, scellant son destin. Difficile choix entre la vie et la mort.

La petite flamme J’ai beaucoup aimé cette histoire de taureau, solitaire, dégageant une immense humanité faite de résignation, de douceur malgré la bêtise d’un certain José, voulant prouver sa force, cherchant à humilier la bête… On est à la fois dans la tête de l’animal et dans celle d’un passant, Antoine qui communique avec l’âme innocente du pauvre taureau. S’entremêle une histoire d’amour entre Antoine et Lisa qui ne devraient pas se trouver ensemble, à cause de la loi instaurée par les caïds de la cité… Triste fin. Antoine et le taureau ne sont-ils qu’un seul et même être ?

Le rossignol Joli récit de cet oiseau chanteur qui apparaît dans le jardin de Monsieur Dzarovia. Il recueille son chant qui l’appelle. L’homme va le secourir, en le gardant dans une cage car le petit être semble mal en point. Chaque jour, il le soigne et aime à l’entendre. Une complicité va naître, mais il faut bien le libérer...

Les dieux Surprenante histoire. Difficile à résumer car construite à partir des émotions de petits animaux, des escargots. L’ensemble est un bel hymne à l’instinct de vie.  

Les animaux et les soldats Déroutant. L’enfant qui est au cœur du récit livre un combat contre son père (ou les adultes en général ?) qui cherche à s’immiscer dans son monde qu’il a organisé comme un rempart rejetant le mode de communication du père à base de questions. Pierre, l’enfant s’accommode de sa vie de parfait petit soldat, mais a besoin de s’évader… Il ne veut surtout pas que son espace imaginaire (intérieur) soit piétiné, désorganisé par quiconque car jouer avec ses soldats tient du rituel. Belle apologie du rêve indispensable à l’équilibre des jeunes et moins jeunes.

L’infirmier Nouvelle la plus fantastique dans la veine surréaliste. Comment une vieille femme peut devenir l’objet du fantasme de son fils, obsédé par le devoir accompli. Il doit s’en occuper le mieux possible alors que celle-ci qui était sa mère est devenue sénile, incapable de parler… le thème de la jalousie, de se sentir légitime par rapport à une personne au rôle antérieur de mère pose question à ce fils perclus de remords…  Un rat surgira du néant, détruisant le bel ordre des choses.

 

Conclusion : ce recueil questionne beaucoup notre humanité, les souffrances que nous nous infligeons au lieu d’aller de l’avant. D’impressions fugitives en traces indélébiles, nous avançons parmi les nouvelles de Laurence Chaudouët en voyageur des âmes à consoler. J’ai apprécié cette expérience proche de la poésie.

 

Quatrième de couverture :

L’animal est une figure centrale de l’univers des hommes : nous en sommes issus, et de plus en plus, nous réalisons que nous sommes des frères. Mais il n’en reste pas moins, au fond de nous, une part énigmatique de notre ego, celle où s’enfouit notre face sombre et, en même temps, le plus authentique de notre humanité.

Ce recueil veut explorer ce paradoxe, et il le fait sur le mode fantastique, un fantastique où la suggestion et le décalage ont la part belle.

Félins sacrifiés, taureau vengeur, araignée divinatrice, autant de versions de ces êtres si proches et pourtant inconnus que nous portons en nous-mêmes, comme la mémoire d’une innocence perdue.

Laurence Chaudouët écrit depuis le début de l’adolescence, des nouvelles, des romans, des poèmes, et quelques essais. Après des études de Lettres et de Philosophie, et quelques années de petits boulots, elle enseigne une quinzaine d’années en Lettres Modernes.
Elle publie ses premières poésies en 1987 dans la revue « Vivre en poésie » de Jean-Pierre Rosnay. Son récit « Les poupées de Victor » est remarqué en 2009 par Scribo. Son premier roman, « Le roman de Petra », paraît en 2010 (éd. Kirographaires). Suit en 2013 un recueil de nouvelles, « Le voisin » (éd. du Net).
On peut lire ses poésies dans plusieurs revues, « Voix d’encre », « Comme en poésie », « Décharge », « Cabaret », « Recours au poème », et dans le recueil « Le cœur étranger » (éd. Eldebé).

Blog : Le cœur étranger Blog de Laurence Chadouët

Lien de la ME : Assyelle éditions

http://assyelle.com/index.htm

 


 

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9 août 2017 3 09 /08 /août /2017 00:48
Couverture SUPERNOVA AGENCY Châteaufort 78117 France
Couverture SUPERNOVA AGENCY Châteaufort 78117 France

Couverture SUPERNOVA AGENCY Châteaufort 78117 France

La couverture m’a attirée. On distingue une partie de corps d’homme nu à l’intérieur d’une alvéole formée dans le tronc d’un arbre, sorte de nid peu confortable. Intriguant en tous cas.

La lecture du roman de Guylian Dai accroche aussi, non par sa forme narrative, mais plutôt par des phrases un peu incantatoires qui déposent du sens par strates plus ou moins logiques. Je dirais que l'auteur possède une écriture intuitive qui suit les états psychologiques du personnage principal, Ilhan au centre d'un entrelacs de faits mystérieux à démêler.

Sa mémoire ne semble lui délivrer que peu d’indications depuis qu’il se trouve à l’hôpital, livré à des expériences auxquelles il n’était pas destiné.

Tout le déroulé de ce qui lui arrive nous est donné par bribes. Le puzzle se reconstitue finalement, tandis que je me suis posée beaucoup de questions.

Tout d’abord, je félicite l’auteur pour sa façon originale d’écrire, à la fois poétique et profonde. L’idée de se servir de « technologies » futuristes pour faire aboutir une cause politique est bien vue et ces cryptosophes pourraient exister un jour…

J'ai pensé à Robert Ludlum, en particulier "L'alerte Ambler" au cours de ma lecture, mais l'objectif apparaît complètement différent au final, malgré certaines similitudes (la perte de ses souvenirs personnels et l'ajout d'autres qui brouillent les pistes). 

Ici on a affaire à un travail d'écriture introspectif et philosophique, rien à voir avec Ludlum.

Je recommande donc ce titre à ceux qui souhaiteraient vivre une expérience hors du commun...  

Pour se le procurer (17 € ou 16,15 € en magasin):

http://livre.fnac.com/a10497764/Guylian-Dai-L-etre-relatif

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15 juillet 2017 6 15 /07 /juillet /2017 22:25
La folie vue par 11 auteurs / illustration Jon Ho / Graphisme : Chris Vilhelm

La folie vue par 11 auteurs / illustration Jon Ho / Graphisme : Chris Vilhelm

Prix : 15 € + 3 € Frais de port

Taille : 15 X 21 cm

197 pages

Neuf

Possible : une dédicace de moi-même, auteur

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9 septembre 2016 5 09 /09 /septembre /2016 19:57
Couverture et reliure fait main par l'auteur : Julien Noël
Couverture et reliure fait main par l'auteur : Julien Noël

Couverture et reliure fait main par l'auteur : Julien Noël

J'ai eu l'honneur de gagner ce fascicule d'une grande qualité artistique. L'objet, déjà, est beau à regarder, ensuite la lecture de la nouvelle de 54 pages m'a permis de côtoyer quelques "truands". Cet artiste et auteur de textes fantastiques ainsi que de poésies, connu pour ses connaissances du thème des sorcières et de l'art sous toutes ses formes que l'on peut juger au travers de vidéos sur YouTube, a toujours des projets originaux à divulguer.

Quelques liens de vidéos:

https://www.youtube.com/watch?v=6oOJ4e6_g34

https://www.youtube.com/watch?v=hR3T0YepBR4

https://www.youtube.com/watch?v=VL5kDt5eGZA

Un ouvrage de poésie a été publié très récemment pour les fans de littérature qui se démarque : https://www.youtube.com/watch?v=80RT0Qih9Go à commander là : http://editionsstellamaris.blogspot.fr/2015/12/contes-du-sabbat-et-autres-diaboliques.html pour 14 €

Son blog : http://noeljulien.blogspot.fr/ qui vaut le détour aussi pour visualiser son travail de gravure, précis.

Julien Noël a de la ressource comme vous pouvez le constater ^^

J'admire le temps passé à concevoir de A à Z, les 24 petits exemplaires semblables. La reliure reliefée est cousue main ! Le résultat est à la hauteur de l'investissement.

Tout est expliqué sur son blog à cette page : http://noeljulien.blogspot.fr/2016/08/rays-day-2016.html

Le texte m'a plu. Les personnages bien campés participent à une mission de la plus haute importance. Si Robin ne réussit pas, il y a fort à parier qu'il risque sa peau ! Heureusement que Virginie la seconde. Le ton fait très polar. Une réussite là aussi.

Sa page Facebook : https://www.facebook.com/juliennoel0/

https://www.facebook.com/juliennoel0/posts/962019810594197?notif_t=story_reshare¬if_id=1473449314790746

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Présentation

  • : Le blog de francoisegrenierdroesch auteur fantastique
  • : Je mettrai mes essais littéraires, mes coups de coeur, des liens vers mon roman fantastique " LE PIANO MALÉFIQUE " car je me suis découvert une passion pour l'écriture alors que jusque là, je dessinais et gravais. Mais, je suis enseignante et donc, j'ai peu de temps à consacrer à ce blog, ne m'en voulez pas d'être parfois longtemps absente ! Du Cauchemar au rêve, il n'y a qu'un livre ! ( La Confrérie de l'imaginaire )
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  • D'abord, j'ai toujours dessiné,( mon père étant peintre d'aquarelles superbes sur le vieux Troyes et œuvrant pour les Bâtiments de France comme adjoint d'architecte, j'ai hérité de son don pour le dessin ).Des rêves/cauchemars traînent dans
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