Collection dirigée par Christophe Thill / Couverture d'Aurélien Maccarelli
Ce fut un vrai plaisir que de plonger dans les effluves du monde Malossien, original, inspiré de ses nombreux séjours en terre russe, allemande ou polonaise : deux ans à Berlin et sept ans à Varsovie. Ce féru de cultures de l'est nous livre vingt trois histoires surprenantes au ton que l'on rapproche de Jean Ray, mais je dirais que la plume est bien plus déliée et entraînante (personnellement, j'ai eu du mal à entrer dans les textes de Ray -_- , trop longs ou au vocabulaire trop alambiqué, mais je n'ai lu que le recueil de nouvelles où se trouve Ruelle ténébreuse; Le grand Nocturne).
Ici les descriptions ne plombent pas le déroulé infernal de l'histoire. Elles sont toujours pertinentes et font écho à ce qui se passera de terrible, malgré tout imprévisible ! Mais en relisant, je me suis aperçue de la symbiose entre météo, quartier décrit et les personnages ainsi que l'engrenage dans lequel ils se précipitaient.
Vraiment, l'écriture élégante sans fioriture ni effet spéciaux met en valeur le scénario impeccable. Les chutes peuvent demeurées obscures dans certaines nouvelles, mais l'ensemble offre des perspectives glaçantes sur le genre humain prompt à se noyer dans l'alcool ou se perdre à cause de décisions absurdes... forgeant des sociétés totalitaires où l'individu ne peut choisir sa vie, ballotté par ses pulsions négatives. La mort et les monstres ont toujours raison.
Je ne peux détailler tous les textes, il y en a trop. J'ai aimé spécialement La fille de la frontière pour l'ambiance qui émane du texte. Cette fille veut sortir de son pays qu'elle considère comme une prison pour se rendre vers un autre, synonyme de liberté. Elle possède une volonté de fer, ne recule devant aucun obstacle (administratif surtout : ce passage est savoureux et cruel). On la suit avec joie, sûr qu'elle va réussir et puis la suite arrive qui laisse un goût amer.
Le ton utilisé, les phrases ciselées (rien qui ne soit en trop) me font penser à cet auteur que j'admire : Julio Cortázar qui écrit des textes absurdes et étranges comme j'aime.
Tous ont leur univers addictif et valent le coup d'être lus !
Par petites touches, Pascal Malosse nous met la tête dans l'eau alcoolisée et on en redemande! Ce n'est pas à proprement parler de l'horreur, mais on ressent un malaise certain entre ses lignes.
Cet auteur mériterait d'être lu et reconnu plus encore ! Je recommande la lecture de ce recueil et certainement du premier : Contes de l'entre-deux que j'aimerais découvrir un jour. Et bien d'autres nouvelles dans Dimension Moscou, Dimension New-York, Malpertuis VI, Parades (L'ivre-Book), Malpertuis VII.
À se procurer sur le site de Malpertuis pour 14 euros ou lors de salon (comme celui du fantastique à Paris)
http://www.ed-malpertuis.com/spip.php?article89
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