Venez poser trois questions originales à un auteur qui se fera un plaisir de vous répondre ! Diffusez l'idée à vos amis et contacts !
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Ex-Tenebris, le cercle des écrivains francophones : Questions 1 à3:
Christy Saubesty : Questions 4 à 6
Franck Lourit: Questions 7 à 9
Liste des questions déjà posées, classées par thème
Ecriture:
Le roman Crépuscule (à paraître le 1et septembre aux éditions Ciel Libre):
Le roman Aliénor (publié en 2008 aux éditions Vermifuge):
Mon travail d'écriture en général:
Vie quotidienne:
Loisirs:
Habitudes et coutumes:
n°2 Brûles-tu un cierge lorsque tu tues l'un de tes personnages ?
Décoration:
n°1 Ton écran ressemble-t-il à un porte-grigris ?
Vêtements:
n°3 Écris-tu en chaussons en forme d'ours polaire ?
A vous de jouer! N'hésitez pas à inaugurer d'autres catégories!
(Comment ça marche?)
"Françoise GRENIER n’est pas seulement l’auteur de l’excellent roman « Le piano maléfique » que je vous déconseille de lire après minuit surtout si vous êtes impressionnable , elle est aussi une authentique chasseuse de vampires qui les traquent au cœur des archives poussiéreuses et des cryptes centenaires depuis des années. Elle est devenue, à ce titre, l’une des spécialistes du sujet. Redécouvrons avec elle ce monstre attachant et goulu qui traverse le temps avec pugnacité. Un dernier conseil ! Après la lecture de cet entretien si vous deviez sortir en pleine nuit, faites attention de bien marcher dans la lumière des réverbères"
Archibald Ploom : Quels sont les personnages fondateurs du mythe du vampire ?
Si vous voulez connaître la suite de cet entretien, rendez-vous là :
http://www.culture-chronique.com/chronique.htm?chroniqueid=293&typeid=0link
Entretien réalisé au manoir de *** entre 23H30 et 1 heure du matin. Toute personne ayant demandé à entrer n'a pas été autorisée à le faire...
-Oui, c'est tout. Ma chatte a disparu. Qu’est-ce que tu veux que je te dise d’autre?
-Rien, répliquai-je. Racontez-moi la vie dehors. La chatte de Myriam, n’était pas rentrée depuis 3 jours mais rien d’inquiétant, cela lui arrivait souvent. Après, j’ai eu droit aux potins du collège. Alex avait amené une boule puante en cours de maths et s‘était fait coller. Il était impossible de suivre le cours de musique et en sport, laisse tomber, la prof a piqué une crise et a failli gifler Amandine, qui lui répondait qu’elle s’en fichait de taper dans un ballon, que c’était débile, ses cours. Bref, la routine! Ce collège est le pire de tous, on dirait. Les parents disent, eux, que c’est partout pareil. Je sais pas, mais j’aimerai bien changer. Plus qu’un an, si les résultats ne baissent pas. Pour l’instant, on a toutes des bonnes notes. Carol et Violet ne sont pas dans la même classe et elles travaillent trop bien. Faut dire qu’elles sont en CHAM, c’est à dire qu’elles ont des cours au Conservatoire, piano et violon. La chance!
Puis, elles m’expliquèrent les cours qu’il fallait que je rattrape et me donnèrent une montagne de pages à lire et des devoirs urgents. Il y aurait des contrôles, en fin de semaine prochaine.
Maintenant, c’est au tour de Lisa d’expérimenter Kitty, la fausse peluche.
-Vite, il faut que tu retrouves ta forme, ma poulette, m’encouragèrent-elles. Et on se quittèrent sur ces bonnes paroles.
Sans surprise pour moi, le lundi matin, je ne pouvais pas retourner en cours. Les crises de fièvre, les vomissements s’estompèrent mais je ne tenais plus debout. Clouée au lit, j’avais l’impression de flotter, d’être en apesanteur. Maman travaillait et je restais en grande partie seule. Mon père ne savait rien de tout cela, vu qu’il nous avait quitté à ma naissance, pour l’hôpital psychiatrique. Il m’envoyait une carte de temps en temps et pour l’occasion, mes 14 ans, il m’avait écrit quelques mots. Il était guéri de sa longue maladie, depuis longtemps, mais ne pouvait pas me recevoir avant les vacances de .Pâques. C’était quelqu’un de très fragile et je préférais ne pas penser à lui.
Le médecin ordonna des analyses de sang. J’aurai une mononucléose! J’ai déjà entendu parler de ça. Une cochonnerie qui te pompait ton énergie. Là encore, j’eus des cachets. Le résultat des tests sanguins ne donnèrent pas de réponse à mon mal-être.
Je m’enfonçais , me résignais à rester au lit du matin au soir. Maman m’acheta des séries de Fantasy, livres que d’habitude je dévore, des DVD, des jeux vidéos que je pouvais charger sur mon ordinateur portable : rien ne m’attirait. Je n’avais goût à rien. J’étais devenue, rien.
La semaine s’écoula comme les grains de sable d’un sablier, lentement. Le médecin me leva pour me peser : 5 kg en moins . Ça va, j’étais assez forte. Je pesais 55 kg, donc, j’en étais à 50 pour 1 m 70. Oui, j’étais grande pour mon âge. Pas de quoi s’affoler! Je commençais à ne plus le supporter ce toubib. Malgré ma faiblesse, il me mit en rage, et je lui ai dit de me ficher la paix, sur un ton haineux. Maman, qui se trouvait à côté encaissa ma mauvaise humeur. Le médecin préféra aussi ne pas relever et décida qu’il fallait m’hospitaliser pour d’autres analyses et me réalimenter.
Voilà comment, j’atterris à l'hôpital. Une chambre, tout ce qu'il y a de plus banal m'attendait au bout d'un couloir. J'y suis parvenue sur un brancard, à moitié inconsciente. C'est pour ça que je ne peux pas la décrire.
Il parait que je ne bougeais pas, c'est ce que les infirmières ont affirmé. J’entendais tout dans mon coma, par contre je ne sentais rien lorsque l'on m'a placé le goutte à goutte et tous les autres appareils. Lisa était venue, j’ai reconnu sa voix, puis les autres avec leur parents. Personne ne restait très longtemps et je n’avais plus aucune nouvelle du « Ketty ». Bien sûr, je ne posais plus de questions, j’en étais incapable.
Je restai ainsi entre la vie et la mort, une éternité, pour moi. Puis une lueur, le bout du tunnel. Non, en fait une infirmière de garde, s’affairait autour de moi. Je surplombais la scène, détachée, prête à partir vers l’inconnu. Manque de chance, question dépaysement, c’était raté. J’étais toujours là, à suivre mon corps sans réaction. Toujours présente, à mon enterrement, j’ observais les personnes que j’aimais le plus et toutes les autres se réunir une dernière fois derrière mon cercueil, à l’église, au cimetière. J’eus une magnifique cérémonie! Merci, les amis! Et maintenant, que dois-je faire? Encore là, lorsque ma maman regardait cette vidéo de Kitty. Et oui, pas joli, joli. Il grimaçait, ricanait et je devais lui obéir, aller chercher les mulots et autres bestioles à sang chaud. Ce que je subissais n’avait pas de mots assez forts, de la torture morale.
Zut, je ne contrôle plus ma trajectoire et me voici à percuter quelque chose de mou. Même si je ne suis qu’un esprit, je sens les obstacles, grâce aux courants d’air. Si l’air n’est pas fluide, c’est que je rencontre un mur ou une personne. Rassurez-vous, celle-ci ne ressent pas ma présence. Faut que je m’habitue! Bon, je me secoue et découvre horrifiée, que j’ai heurté le « Kitty ». Il ne m’a pas vu, ouf, pensais-je.
Croyez-moi, si vous pouvez mais c’est la stricte vérité : il m’avait calculé. D’une pirouette, il se positionna face à moi et m’adressa un « bonjour ma fiancée ! » de sa voix aigue, puis ajouta :
-Surprise? Il ne faut pas, tu es mon esclave ou ma protégée si tu préfères. Tu m’as manqué pendant toutes ces semaines! Je savais que tu reviendrais. A présent, tu ne me quitteras jamais! On est soudé!
-Je sers à rien! Pour quelle raison je devrais te croire ?
-Tu vas me guider, sans toi, je ne trouverai pas ma nourriture. Tu connais ce monde, tu seras mes yeux, mon esprit.
-Si je ne veux pas?
-Essaie toujours, tu reviendras forcément, un sortilège nous lie. Tu as bien fait le voeu de m’aimer non?
-Certainement pas! Tu bluffes! Je n’ai plus peur de toi!
-Rappelle-toi, tu as soufflé tes bougies et hop, tu as pensé à ton chéri, tu as fais un voeu pour moi ! C‘est moi, ton amour!
-Tu vas te transformer en prince charmant? Allez, assez rigolé!
-Je ne sais pas faire le Charmant. Monstre, je suis, monstre, je resterai!
-Beurk! Alors Bye! Bye!
Enfin, les filles repartirent avec leurs parents. La soirée s’acheva, et je montai me coucher.
Kitty trônait à la même place. Il n’avait pas bougé mais confusément, je sentis un changement. Je l’attrapai plus délicatement que cet après-midi et ses yeux s’ouvrirent. Cette peluche semblait me regarder intensément, s’animait et si je ne rêvais pas déjà, à 22 h, c’était pas l’heure, elle émit comme une plainte, suivie tout de suite d’un ordre d’une voix nasillarde, assez éprouvante à entendre :
-Tu ne dois jamais plus me laisser seul! Compris, sinon, il t’arrivera malheur! Il faudra m’obéir, gare à toi et à ta famille. Si tu l’ aime, ne me déçois pas!
Je passai la nuit à m’occuper de ce tyran, il n’y avait pas d’autre mot. Je ne pouvais pas faire autrement, il y avait une force supérieure émanant de cette chose qui me poussait à être docile. Il voulait aller au bord de l’eau, se promener derrière chez nous, pour disait-il, récupérer des forces. Nous avions une « digue », rendez-vous des désoeuvrés, marginaux et cet endroit me faisait peur. Cette affreuse nuit, j’étais obligée d’y aller pour monsieur Kitty. Ce prénom ne lui convenait pas du tout, entre parenthèses, Téqui, peut-être, Chat-Vorace. Ce fut ainsi toutes les nuits de la semaine. Je devais l'accompagner: il dépeçait une ou plusieurs souris, des hérissons aussi, il avait du flair et de l’appétit, surtout pour le sang. Il les vidait complètement, et moi, par contre, à le voir faire, j'avais envie de vomir. Puis, j’avais le droit de dormir, ce que j’avais de plus en plus de mal à faire!
Cette semaine-là, je fus malade et n’alla pas en cours. Je ne pouvais rien avaler et j’avais tellement mal à la tête mais j’en profitai pour filmer toutes ces escapades nocturnes. Le jeudi, mes amies sont venues aux nouvelles et je brûlai d’envie de leur raconter la vérité sur cette peluche. Seulement, j’avais honte et ce fut impossible à expliquer. Je ne quittai pas ma chambre et attendis avec angoisse la fin de ma garde du « Kitty » . Je devais parler de tout ce qu’il m’obligeait à faire, et en même temps, il y avait les menaces, maintenant, j’en comprenais la teneur. Il était capable du pire, c’était certain! J’étais épouvantée à l’idée de le garder toujours et j’aurais été soulagée de m’en débarrasser. Maman s'inquiéta de mon état dépressif et fit venir le médecin. Celui-ci était très confiant au sujet de ma guérison.
-Elle se remettra, un chagrin d’amour, sans doute! Dans 8 jours, il n’y paraîtra plus!
Le dimanche suivant, en fin d'après-midi, Myriam s'impatientait. Elle était venue, comme convenue,et attendait que je redescende avec notre peluche. Je traînais, prétextant la fatigue, ce qui n’était pas faux!
-Bon, tu fais quoi? C’est pas drôle, même si tu es malade, d’habitude, tu n’es pas comme ça!
Maman s’en mêla , m’arracha cet horrible animal duveteux des mains et le tendit à ma meilleure amie, et il s’ensuivit une crise de panique de ma part, qui surprit tout le monde. Mon frère, espionnait et il m’énervait au plus haut point, sauf que j’étais devenue muette, aucun son ne sortait de ma bouche, moi qui suis si bavarde, une attardée mentale, voilà, ce que j’étais! Je pleurais, un vrai bébé, sûre que je ne pourrais jamais m'arrêter. Des sanglots montaient de ma poitrine, se transformaient en larmes interminables et se déversaient le long de mes joues.
Myriam était atterrée, elle bredouilla, sans y croire, avant de se sauver :
-Bon, salut, à demain , salle 304 ?
Le lendemain, après une nuit agitée, remplie de cauchemars car je revoyais ce singe grimaçant, m'ordonnant de le suivre à la chasse aux petits animaux, j'ai essayé de me préparer, sans réussir. Je suis tombée : tout tournait autour de moi. Rebelote, au lit pour une longue semaine. Cette fois, j’avais une fièvre carabinée. Sous la couette, j’étais prise de tremblements, suivis de bouffées de chaleur. Et en plus, j’avais des hallucinations: je distinguais comme des araignées énormes qui fonçaient sur moi en émettant des petits cris stridents. Pas la joie! Heureusement, en général, je me réveillais juste avant l’assaut final Parfois, c’était une pelote d’épingles géante aux grincements insupportables qui apparaissait au plafond et tournait sur elle-même, telle une toupie folle.
Le mal était fait! C'est à dire que je dépérissais, ne pouvant rien avaler. Même lorsque je me remis à manger, je continuais à maigrir. Mes envies se résumaient à dormir, encore dormir, toujours dormir! Oublié le beau Kentin! Mon lot quotidien : fièvres et vomissements. Le médecin avait une nouvelle fois rappliqué, pour faire croire à maman, que j’avais une gastro. D’accord, j’allais me rétablir rapidement avec des médicaments adaptés. Tu parles, le dimanche matin, j’étais une loque! Pas prête à retourner au lycée. Myriam et Lisa m’ont tenu compagnie et la question du « Kitty » me brûlait les lèvres. Est-ce que Myriam allait raconter les tourments que cette peluche faisait subir à autrui? Que nenni, mon amie, très épanouie, vantait au contraire, les mérites de cette charmante petite chose. Pas compliqué à soigner : des petits câlins chaque soir, en rentrant du collège et voilà!Une peluche normale, quoi!
-Bon, c’est tout? demandai-je d’un ton le plus neutre possible, en serrant les poings car j’avais peur d’exploser. Mais j’étais trop faible pour ça!
SINGERIES : Mesdemoiselles les filles avaient eu un délire!
Elle regardait la vidéo que sa fille, Alice avait laissé sur une carte mémoire. C'était très court mais terrifiant. Jamais elle ne s'était imaginé à quel point la vie de son aînée, était devenue infernale depuis ce dimanche après-midi, il y a de cela quelques mois, début janvier.
Alice, venait de fêter son anniversaire, 14 ans, avec ses meilleures copines. Elles s'entendaient à merveille comme les cinq doigts de la main, il y avait Myriam, Carol, Violet et Lisa. Pour marquer l'évènement, les parents leur avaient payé une séance à la patinoire. Il était convenu qu'elles reviendraient pour le goûter, à pied.
Oui, ça a commencé comme ça. Sur le chemin du retour, j'ai ramassé une espèce de singe en peluche qui gisait au milieu de la chaussée, beige sale, que j'ai trouvé très moche, aux yeux noirs fixes, un peu genre Kiki. J'avais fait mine de le vouloir, pour délirer.
Les autres ont tout de suite voulu qu'on le garde. C'était toujours à celle qui aurait l'idée la plus farfelue! Moi, je m'en fichais, je n'ai plus l'âge de jouer aux peluches. Elles pouvaient bien le prendre jusqu'à la fin des temps!
Myriam, eut une idée stupide. Elle disait qu'on l'aurait chacune une semaine et elle insista pour que ce soit moi, la première, puisque c'était mon anniversaire, un cadeau tombé du ciel, qu'elle croyait!
- Ben, voyons! Je vais avoir l'air fin devant mon frère Grégory, 11 ans, qui ne joue même plus aux voitures ! Dans tes rêves ! lui rétorquai-je.
Lisa ne disait rien, c'était son tempérament, jamais prendre partie. Violet et Carol affirmaient qu'il était trop mignon, qu'elles adoreraient le dorloter. C'est vrai qu'elles en étaient encore au stade "Hello Kitty". Une catastrophe, ces deux-là! Je les aimais quand même, car on pouvait compter sur elle, pour nous suivre aveuglément.
Myriam revenait à la charge, exigeant que je sois la prem's : "C'est son anniversaire, vous voulez bien attendre un peu, Let et Caro ?" "Pas de problème !" répondirent - elles en coeur.
Pour moi, c'était un sacré problème et je lâchai ce singe par terre, en hurlant que non, et non, il n'était pas question que je me ridiculise. Mes parents se moqueraient de moi. J'avais un an de plus, tout d' même, ce n'était pas pour régresser! J'en faisais un peu trop, comme d'hab.! Lisa riait aux éclats, elle était bon public! Les autres n'ont pas apprécié et me l'ont collé dans les bras, allez, fais pas ton cinéma, il est à toi jusqu'à dimanche prochain, et ne le maltraite pas! Caro était outrée, Let aussi :
-"Tu lui as fait mal, mauvaise", affirmait Violet. Mais c'était pour rire qu'elle me lançait ça, à voir ses yeux qui se plissait et son sourire illuminant son beau visage. Violet était magnifique! Je la jalousais un peu, ses tenues à la mode, ses cheveux noirs,longs et lisses, coiffés au cordeau, son corps parfait sans un gramme de graisse! Caro, la blonde, n'était pas mal non plus, une vraie gazelle, fine et super!
Myriam trouva intelligent d'ajouter:
-Tu diras que c'est un jeu, un gage, je sais pas, fais pas cette tête là, c'est pas le diable!
Y avait pas moyen de les raisonner, donc, j'attrapai le singe par une de ses pattes, assez brutalement et bizarrement, j'ai cru qu'il respirait, enfin, je percevais comme un battement de coeur. La folie commençait à me gagner ou quoi? Je ne fis pas la remarque à mes amies, vu ce qui c'était passé, c'était pas le moment. Pour le coup, elles ne manqueraient pas de me ridiculiser encore plus! J'avais ma dose avec cette peluche que je ramenais à la maison!
Maman n'avait pas vu Kitty, le singe en peluche. Les filles l'avaient baptisé ainsi, vous comprenez pourquoi ! Il était caché sous mon manteau et je montai discrètement dans ma chambre, le déposer sur mon bureau. Puis, je rejoignis mes amies attablées devant le merveilleux gâteau , fait maison, une charlotte au chocolat, hummm! Je soufflai les bougies et fit un voeu, celui d’embrasser Kentin, le gars le plus sexy du collège, mais une image se superposa, celle de ce singe en peluche, non, c’est pas lui que je veux embrasser ! Bah, Je ne crois pas trop à ces superstitions, mais la tablée entière me criait « fais un voeu! » alors, je le fis! Bientôt, je n’eus plus envie de rester autour de la table du salon et il me tardait d’être enfin seule pour remonter dans ma chambre.
« Des sorts ET des bonbons »
Je venais de débarquer lorsque, soudain, j'aperçus une petite fille gracieuse, exhibant triomphalement un assortiment de ces bonbons gélatineux aux formes stupides, tête de mort, araignée, dent de vampire. Mamie n'était pas loin qui protestait : où as-tu trouvé ça? Tu sais bien que ta maman ne veut pas. Ils sont halal, ces bonbons ? Il n'y a même pas de liste d'ingrédients sur le paquet ! La petite fille voulait les garder, juste pour les contempler ou jouer avec! Je te promets, je ne les mangerai pas! Et moi, je passais par toutes les couleurs, car je n'avais pas fait tous ces kilomètres pour rien! Oui, j'étais paniquée par de simples bonbons, je fouillais fébrilement dans mon sac à la recherche du paquet de ces sucreries dont raffolent les gamins, les mêmes exactement que ceux de cette jeune marocaine. Je devais m'en débarrasser le plus vite possible mais pas de cette manière! L'affolement me gagnait, je ne le retrouvais plus! Je suivis ces personnes, et leur demandai le plus calmement possible de me restituer le paquet. La grand-mère me dévisageait, la petite fille semblait déjà dans un autre monde, mes arguments firent mouche: Je devais le donner à ma nièce et il a dû tomber de mon sac lorsque j'ai voulu prendre un magazine, j'avais de l'attente avant mon prochain avion, c'est pour ça !
J'étais à Marrakech, en partance pour le Sahara Occidental et là, cette fillette me ramenait à cette fameuse soirée d'Halloween, qui explique en quoi ma vie a été chamboulée, et pourquoi j'étais verte de trouille à l'idée de perdre ce sachet de bonbons. En fait, j'étais partagée entre deux dilemmes insupportables.
Ce soir-là, vers 18h, Halloween commençait déjà, je m’en fichais, je regardais la télé. Des enfants et leurs parents pouvaient bien passer de maisons en maisons pour demander des bonbons, je n’en avais pas et je ne leur répondrais pas. Plongée dans une émission sur un criminel fameux, j'avais oublié Halloween, lorsque quelqu'un frappa à ma porte. Machinalement, j'ai ouvert et me suis trouvée nez à nez avec un Vampire qui me tendait un sachet de bonbon-cadeau. J'ai accepté ces confiseries de tête de mort, araignée, dents de vampire, puis je les ai ignoré car je n'aime pas les bonbons et surtout ceux-là qui sont typiquement fabriqués pour les jeunes, sûrement acidulés, piquants, bourrés de colorants. Je les avais laissé traîner sur la table de la cuisine, pensant les donner à ma jeune voisine, dès que je la verrai. Puis, je suis retournée à mon émission. Lorsque je revins dans la cuisine, les bonbons n'existaient plus, ils étaient remplacés par un ballon qui se gonflait de lui même, prenant la forme allongée d'un serpent. Je voulus mettre cette saleté à la poubelle mais impossible: en le touchant, cela devenait collant comme du caramel, puis fondant et pour finir, l'ensemble se détachait en mille morceaux, chacun d'eux se tortillant, grésillant en s'échappant vers les autres pièces de la maison. J'étais envahie de sucreries vivantes et menaçantes qui se transformaient sans cesse, lunettes 3D, roses piquantes. A chaque fois que j'essayais de les enfermer à double nœud dans un sac plastique, leur volume augmentait à une rapidité sidérante ou bien leur forme changeait, ou leur état de solide à liquide, d'arrondi à coupant. A présent, elles se multipliaient et il y en avait partout, voulant s'échapper dehors. Je me décidai à sortir, suivie de près par tous ces bonbons redevenus plus raisonnables mais maléfiques. N'importe qui pouvait les trouver et les ramasser. Tant pis, j'avais besoin d'air et je ne voulais plus rester en leur compagnie. Ils me talonnaient et se tenaient tranquille à l'approche d'autres personnes. La nuit était tombée depuis longtemps et leur manège n'était visible que par moi.
Poursuivie par toutes ces sucreries ambulantes, je continuai ma route vers un jardin public et je m'installai sur un banc pour réfléchir à mon problème. Allaient-elles me laisser en paix, à la fin!
Je suis sortie dans la rue, pensant que ces satanés bonbons resteraient bien au chaud, à l'intérieur de mon chez-moi. Mauvaise pioche, ils redoublaient de vitesse, me dépassaient, m'encerclaient dès qu'il n'y avait personne en vue, comme si je les attirais. Je devenais de plus en plus nerveuse et voulut me diriger vers le centre-ville plus fréquenté. Au carrefour de deux avenues, alors que j'attendais que le feu passe au rouge pour traverser, ils se sont rapprochés dangereusement, brillants dans l'encre de la nuit, comme des gouttes de pluie, éparpillées autour de moi, descendant sur mes vêtements, nullement craintifs. Je lançais mes bras en l'air, faisant des moulinets désespérés pour les chasser et poussais des cris de terreur: Allez-vous en, allez au diable! Les passants me jetaient des regards interrogateurs et je me gardais bien de leur donner une quelconque explication. Je pensais sérieusement qu'il fallait que je me débarrasse de ces, comment les nommer, ni bonbons ni animal, ni rien de connu. J'étais bien seule à me débattre avec ces entités sucrées, sans résultat.
Seule solution, me réfugier dans un café où la lumière, les gens, tiendraient ces acharnées à distance. Ce que je fis sur le champ. Je les voyais, tapies sous les tables et les meubles, seule à les voir et leur seule proie, on dirait. Que faire pour qu' elles aillent ailleurs, vers qui ? Je n'avais pas de réponse, je savais juste qu'elles m'avaient choisi, moi, car naïvement, j'avais accepté ces bonbons, d'un individu déguisé en vampire, tout était parti de là, peut-être pas grimé, vraiment un personnage satanique, si ça s'trouve! Pour le moment, ils étaient tenus en respect. Je ne risquais rien, jusqu'à la fermeture et tout recommencera. On me mit dehors et je ne voulus pas retourner chez moi, sachant que si je m'endormais, accablée de fatigue, ces substituts du diable continueraient à me harceler. Une pensée folle me fit sursauter : et me dévorer ! Donc, je me remis en route, avalant les kilomètres, sans autre but que de garder une distance de sécurité entre mes poursuivants sucrés et moi.
A force de marcher depuis plusieurs heures, si je stoppais mon avancée, fuite en avant, qui ne me menait nulle part d'ailleurs, ils revenaient à la charge, plus têtues tu meurs, je fatiguais et m'épuisais. Non seulement, ils m'emboîtaient le pas, mais en plus, ils grossissaient et se multipliaient. J'étais extenuée, à déambuler sans but, comme une malade. Tous les bars étaient fermés à cette heure !
J'avisai un muret et persuadée de devenir folle, je les vis s'agglutiner sur mon pantalon! Pas de doute, les bonbons me collaient aux basques, pas prêts à lâcher prise! Soudain, ils remontèrent sur ma peau, tels des sangsues et me lacérèrent les jambes! Je hurlai d'effroi et de douleur car j'avais la sensation d'être boulottée par une armée de moustiques ou alors ces bonbons étaient vraiment devenus des sangsues !Est-ce que je rêvais ? Au secours! Et je me suis mise à courir jusqu'à la gare, persuadée que j'allais être dévorée si je restais à me reposer, mais bien certaine de ne pas tenir longtemps à ce rythme! Prendre ses jambes à son cou, quelle expression significative! Mon cerveau carburait à plein régime.
Que faire ? Revenir à la maison ? C'était sûr que je n'aurai plus jamais de repos ! Si je voulais dormir, il me fallait une combinaison, genre scaphandrier, aucun magasin n'était ouvert. Quelle heure était-il ? Reliée à une bouteille d'oxygène, jour et nuit ? Pas pratique pour aller travailler, ça tombait bien, j'étais en vacances pour une semaine ! Mais après ? Je n'avais pas de montre, aucune affaire, pas d'argent, donc, en route vers mon domicile. Vite, plus vite, ça y est, l'impasse était en vue. Obligée de ralentir, n'en pouvant plus, je sentais le frôlement des dents de vampire sur mon cou, les pattes des araignées sur mes mains que j'agitais pour les décoller, sans espoir. Et je vis avec effroi qu'une quantité impressionnante de ces bonbons formait des lassos, fils de réglisse prêts à me sauter dessus, à viser mes chevilles, à s'entortiller autour de mes jambes, se métamorphosait en perles, puis en long collier tranchant pour me saucissonner.
Au secours! A ce moment, je ne sais par quel miracle, toutes ces formes hideuses et malfaisantes redevinrent d'inoffensifs bonbons au fond d'un sac transparent que j'attrapai à la hâte, pour les laisser à nouveau sur la table de la cuisine. Enfin, je me suis affalée sur mon lit. Je retournai dans tous les sens le problème de leur destruction, poubelle ? Non, ils s'en échapperaient, les envelopper d'une multi couche de journaux, rien ne les arrêterait. Pourquoi, cette soudaine trêve des confiseries ? Il faisait jour, voilà pourquoi, j'avais donc du répit jusqu'à la nuit prochaine où tout recommencerait ! Je priai pour que ma théorie soit exacte, en effet, je ne fus pas inquiétée de toute la journée passée à récupérer un peu de forces, à m'affairer pour remplir ma valise , prendre le train, puis l'avion et me voici à espérer réussir cette épuisante tâche, avant le coucher du soleil. C'était décidé, j'irai dans le Sahara ! Il fallait que j’enterre ces substituts de bonbons dans un endroit inaccessible, sous des mètres de sable, comme ce désert.
Aujourd'hui, mission accomplie mais j'ai toujours une boule au ventre, la panique m'envahit souvent. Je les vois soit à m'attendre, soit à s'acharner sur mon corps ou celui d'une autre victime! Je suis devenue insomniaque, toujours les mêmes questions en boucle, sans réponses. Que se passerait-il si quelqu'un mangeait ces cochonneries ? Deviendrait-il un énorme bonbon, dévoreur de chair humaine,dès la nuit tombée ? Et moi, m'auraient-elles découpé en morceaux, mâché et digéré, tel un monstre sanguinaire, un vampire d'un autre genre ? Est-ce que j'étais l'unique victime de ce vampire, qui agissait à travers ces bonbons? Y avait-il des cas de gens avec des morsures inexpliquées dans ma ville, ma région, en France ? Ce vampire ou ces bonbons allaient-ils revenir ?
Françoise Grenier Droesch
Alice fait la connaissance du Griffon qui l'emmène voir la simili-tortue : c'est un animal très triste ... elle racontera une histoire "L'école de la mer"
Alice au pays des merveilles 005
par francoisegrenierdroesch
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