Des textes soignés et engagés, voila un beau contre pied pour un groupe qui a choisi de s’appeler Cadavreski…
Car leur hip-hop festif et énergique ne fait pas dans la pose mais plutôt dans la prose incisive et concrète, héritage
des slameurs qui composent une large partie du groupe. Rencontre avec des troyens à la langue bien pendue.
Cadavreski, c’est un groupe ? un collectif ?
DJ 12 : Un Boys Band ! CA : Un groupuscule. DA : Des gens. VR : Un Orchestre Philharmonique. ES : Un groupe !
KI : Oui ! question suivante ?
Le cul entre deux chaises, vous préfére que l’on vous rattache à la scène hip-hop ou à la scène chanson ?
CA : C’est vrai qu’on est mal assis ici ! DA : On joue un peu sur les deux tableaux, et assieds-toi correctement !
ES : On peut dire qu’on fait de la chanson rap, dans la mesure où nos influences musicales sont très variées, aussi bien pour les parties instrumentales que pour les textes, et nous avons pas mal de parties vocales chantées.
DJ 12 : On est en plein pour parler avec la Fnac et Virgin pour qu’ils créent un rayon “Rap Fantaisiste” juste pour nous. Tu ne pourras y trouver que des disques de Cadavreski. Sérieusement, ça me plait tout autant qu’on soit affilié rap, hip-hop ou chanson française. On y a pas mal réfléchi car ça peut être un vrai problème avec les disquaires et
distributeurs qui doivent ranger ton disque dans une case. A ce petit jeu, on a décidé de se classer dans la chanson française.
KI : Autant j’aime la scène, autant il est hors de question qu’on m’attache ! Chaise entre 2 culs ou pas !
VR : Ah ! ça me rappelle le jour où Tonton Henry m’avait attaché à l’avant du 4x4 pour me punir, qu’il avait fait Troyes-Orléans (211 km) en battant son record de conduite amphibie en passant par les canaux à péniches, pourtant c’était pas de ma faute si Roxy s’est pris le vase de Mamy sur le coin de la patte, c’est lui qui me courait après pour me
mordiller le genou, je voulais pas moi ! J’ai jamais mangé autant d’algues de ma vie, je ne peux plus manger de sushis depuis !
Le reste du groupe : Ta gueule !
L’écriture et la composition des morceaux se fait à six ?
DJ 12 : Non, à Troyes. CA : On essaie de s’y tenir ! KI : Pour l’écriture, on est 5 à tenir le stylo 4 couleurs.
VR : En général, il y en a un qui a une idée, il la fait savoir et on se met tous à gratter quelques phrases en rapport de notre côté, mais on essaie de plus en plus de se retrouver pour composer la partie textuelle tous les 5 simultanément. Pour les instrus, c’est généralement ES qui les compose, DJ 12, lui, écrit ses parties en langue morte extra-terrestre,
c’est pour ça qu’on ne comprend pas bien ce qu’ildit et qu’il parle avec les mains.
KI : Par contre, si on compte tous les gens qui nous inspirent, on y est tous un peu pour quelque chose ! (toi aussi journaliste !) Quasiment tous vos textes oscillent entre humour et engagement. C’est votre façon de dénoncer sans donner de leçons ?
CA : Lesson 1, open your book page 12 !
KI : Je pense que l’engagement sans humour s’apparente à l’humour sans engagement et que l’engagement est une forme d’humour (et vice et versa t’as vu), mais sans m’égarer, je suis à peu près sûr que tout le monde s’en fout des leçons.
VR : Oui, ça fait des années que les gens entendent les mêmes messages sassés et ressassés, je pense qu’ils ont envie d’entendre autre chose, puis nous aussi, on a envie d’écrire autre chose. Alors on s’amuse, mais ça ne nous empêche pas d’avoir un sens critique.
ES : Et je pense qu’il y a plusieurs degrés de lecture, des sens cachés à tiroirs et à volets.
DA : On écrit avant tout sur ce qui nous fait marrer donc réagir, l’absurde de ce monde est notre moteur.
Vous avez déjà réussi à bien faire parler de vous en dévoilant des morceaux au coup par coup. Passer par l’étape de l’album, c’est important pour vous ?
CA : Je vais devenir un homme donc oui !
DJ 12 : On se concentre déjà sur la réalisation d’un premier CD 5 titres qui paraîtra à l’automne 2012, on présentera un second clip dans la foulée. Pour répondre à ta question : oui, ça devient important qu’on ait un disque qui nous représente bien, pour tourner de plus en plus et aussi répondre à une certaine attente de notre public. On a fait une dizaine de dates depuis notre premier concert en février, on se régale sur scène et on aspire à développer un show de plus en plus consistant. On bosse pas mal là-dessus, ça prend du temps et comme on est consciencieux et qu’on n’aime pas trop se précipiter, on a choisi de livrer un mini-album dans un premier temps.
ES : Le public est demandeur, à la fin des scènes on nous demande souvent si on peut repartir avec un disque, mais on ne voulait pas lâcher une démo brouillon, on essaie de s’appliquer pour faire les choses bien. En plus, comme nos inspirations sont variées et qu’on fuit le cliché et le lieu commun, en musique comme ailleurs, je ne pense pas qu’on
sortira un album au sens traditionnel et relativement formaté du terme, plutôt des objets avec un thème ou une idée, un concept.
KI : Pour faire parler de nous, on avait pensé à “délinquer” dans les ruelles de nos villes respectives (qui sont, en fait, la même) mais finalement on s’est dit que “parler de nous”, c’est bien ! mais que “nous parler de”, c’est mieux ! (sur un album, un EP, peu importe).
VR : L’album finira bien par arriver parce que 5 titres c’est un peu court pour venir à bout de CADAVRESKI !
Pour en savoir plus : Cadavreski sur facebook
DU SON ! UNE CHANSON DE CADAVRESKI et une interview par RADIOActive" 33 tours et puis s'en vont"